L’automne c’est le temps des récoltes, le temps d’engranger la semence qui a soigneusement poussé tout l’été. C’est le temps de récolter les fruits et légumes du jardin qui ont maturé sous l’œil avisé du jardinier. Mais pas de cela pour nous cette année. Avec le travail et divers projets sur la ferme, nous avons laissé le jardin en jachère cet été. Au lieu des carottes et des patates, nous avons engraissé deux beaux cochons.
Mes «piggies» comme je me suis plu à les surnommer ont pacagé mon jardin pendant quelques mois. Une situation gagnant-gagnant. Les cochons s’engraissent en mangeant et fouillant les mauvaises herbes du jardin tout en engraissant la terre!
Bon ils disent qu’il ne faut pas trop s’attacher aux bêtes que nous allons par la suite tuer. Mais j’avoue que ces cochons étaient plutôt mignons malgré eux. Impossible de résister à ces oreilles qui battaient au vent lorsqu’ils couraient à la clôture pour nous saluer. Leurs grognements donnaient l’impression qu’ils avaient envie de tenir la conversation.
Je suis une fille de ville et je n’ai pas grandi autour d’une ferme avec des animaux. Je vais même jusqu’à vous confier que je n’osais même pas toucher un paquet de viande emballé à l’épicerie avant de vivre sur ma ferme. Et à présent je participe à la boucherie des porcs que j’ai moi-même élevé.
Étonnamment, je crois que c’est ce retour à la source, le fait de savoir d’où vient l’animal, de l’élever et de le traiter avec respect qui ont fait en sorte que j’ai pu transcender le dédain que j’avais pour la viande.
Quand on a soi-même contribué au bien-être de l’animal, on veut le traiter avec respect et surtout, pour moi, le cuisiner avec respect. J’aime préparer des plats savoureux et les partager avec fierté avec des amis ou la famille en leur disant que c’est le porc que nous avons élevé. J’aime à penser que la viande goûte meilleur en raison du dévouement que nous avons porté à l’animal. Dans le fond, ils ont raison, il ne faut pas trop s’attacher… Juste un peu.