Je vous écris aujourd’hui de l’aéroport. Je quitte ma campagne et ma fratrie pour quelques jours. Un voyage d’affaire. Une petite bouffée d’air frais dans mon quotidien de travailleuse en virtuel. Mon mari aussi est à l’extérieur de la maison pour des ateliers cette semaine. Nous avons donc laissé notre marmaille aux bons soins de ma mère et ma belle-mère. Certains diront : It takes a village – Ça prend un village pour élever des enfants. Moi je rajouterais : ça prend une famille et plus elle est grande mieux c’est! 

Moi, je suis fille unique. J’ai grandi dans mon petit noyau de famille nucléaire à trois. Mon père et ma mère ne viennent pas non plus de grande famille québécoise mais j’ai un bon nombre de cousins et cousines, de différentes tranches d’âge. Très jeune déjà, je me réjouissais des occasions de grandes rencontres familiales : le jour de l’an, Pâques, un anniversaire de mariage, un méchoui… J’aimais le bourdonnement, la fébrilité, entourant une fête. Les mononcles contents de se retrouver pour parler du bon temps, les matantes toujours bien mises et les bras chargés de nourriture faite maison ou de délicatesses achetées dans les fines épiceries de la grande ville. Ma grand-mère qui avait préparé les divers éléments de son menu pendant des semaines : pâtés à la viande, gâteau blanc, gâteau au chocolat, des beignes, du caramel… 

Quand j’étais très jeune, je jouais avec mes cousins, cousines, sans vraiment porter attention aux adultes et au fil des ans, j’ai commencé à seulement m’asseoir dans les marches de l’escalier pour écouter, m’imprégner de cet esprit de famille, de ce partage de tous et chacun de leurs joies, leurs projets, leurs inquiétudes. 

Puis j’ai grandi et j’ai voyagé, en Europe puis dans le nord du pays et je me suis retrouvée en Alberta, il y a de cela maintenant dix ans.
Lorsqu’on se déracine de son nid familial pour l’aventure, il y a quand même une part de nous qui cherche la sécurité, le confort d’être à la maison, près des siens. C’est comme ça que je me suis jointe à la famille de Radio-Canada. Mes collègues étaient devenus un peu comme des frères, des
sœurs, des cousins, des cousines. On sortait souvent, on partageait nos joies, nos peines, nos idéaux,
nos désespoirs aussi parfois. Certains ont fait leur bout de chemin, sont repartis dans l’Est ou
ailleurs. Je suis toujours fière de regarder leurs reportages à la télé ou de les entendre à la radio ou de voir la binette de leur progéniture sur les réseaux sociaux. 

En rencontrant Roger j’ai gagné le gros lot! Haha à bien des niveaux mais surtout j’ai gagné une belle-famille incroyable, presque comme dans les films. Je me souviens du premier Noël passé avec eux. D’abord on avait conduit deux heures pour se rendre à St-Paul – On habitait à Edmonton à l’époque – au quartier général des Dallaire-Hétu, la maison d’Adèle, ma belle-mère. Une grande maison, assez de places pour loger les familles de ma belle-sœur et mes beaux-frères et leurs enfants, une grande table et un escalier parfait pour les photos. Je me souviens même de cet instant magique où quelques minutes avant de partir pour la messe de minuit, nous nous sommes réunis dans l’escalier, les petits comme les grands pour chanter un cantique de Noël accompagné de l’harmonium. Difficile à battre comme première impression. Je suis tombée sous le charme instantanément. 

Il y a maintenant 8 ans que je fais partie de la famille Dallaire-Hétu et maintenant Gratton. Le clan s’est agrandi depuis – the more the merrier qu’ils disent! Nous en avons perdu quelques-uns aussi, tristement… C’est la vie.

Ce que j’aime chez les Dallaire c’est que chaque occasion est bonne pour se retrouver : un concert de fin d’année, une première communion, un spectacle de patinage, une cabane à sucre, un weekend au chalet. En quelques minutes et quelques coups de téléphone, les plans sont faits. Qui ramasse la bouffe? Qui amène son jeu? Une grand-mère en visite? Pas de problème! On ajoute une chaise, on sort les assiettes en papier. Sans prétention, juste du plaisir! Je blague souvent avec ma belle-sœur (ma jumelle québécoise 😉 avant de nous quitter après un souper familier : à quand notre prochaine rencontre? On va se voir avant Pâques? Avant Noël? Parfois on se revoit dans la même semaine.

On ne choisit pas notre famille. Elle nous adopte, elle nous enveloppe, nous abrite dans un sens. Pas pour nous couver mais pour nous faire grandir. Elle n’est pas parfaite, souvent chaotique, bruyante et immensément colorée. Comme un arbre, la famille grandit, prend racine, essuie les tempêtes et reste debout et fière. 

À ma famille petite et grande, je vous aime.

FeteRenelle. VIRGINIE DALLAIRE
Jumelles. VIRGINIE DALLAIRE